mercredi 29 janvier 2014

Investissements Directs à l'Etranger

Un article du monde (lien) annonce une chute de 77% des Investissements Directs à l'Etranger, en France. Que cela signifie-t-il et qu'en est-il vraiment? 


Les IDE sont des transferts de capitaux de l'étranger vers le pays étudié dont le but est la "prise durable d'intérêts" dans une entité économique résidente impliquant une "influence de l'investisseur étranger sur les décisions de l'entité". Ils sont à distinguer des mouvements de capitaux qui ne sont que des placements financiers purs. Ils comprennent donc majoritairement les créations de filiales de la part d'entreprises étrangères, et les fusions-acquisitions entre une entreprise étrangère et une entreprise résidente.



Chaque pays a un flux d'IDE entrant et sortant, c'est le flux entrant qui est commenté dans l'article. Les données disponibles sur le site de l'ONU (lien) ne sont pour l'instant disponibles que jusqu'en 2012, mais j'ai complété en 2013 avec les informations de l'article pour Allemagne et France, la base de données sera sûrement mise à jour plus tard. Voilà donc la forte chute en 2013 pour la France : 



En vérité,  les IDE en France baissent depuis 2007, probablement en lien avec la crise, qui est plus une crise de la demande (manque de débouchés) qu'une crise de l'offre. La même tendance est à l'oeuvre au Royaume-Uni, en Allemagne (bien que moindre, le chiffre partant de moins haut) et en Espagne. Bien entendu, Le Monde s'enflamme un peu, et donne dans le sensationnel en extrapolant une nouvelle tendance en 2013 pour la France, en oubliant que le chiffre allemand en 2012 était bien plus bas. 

On voit en particulier avant 2009 l'extraordinaire afflux de capitaux étrangers au Royaume Uni (lié au secteur financier) et en Espagne (l'euro favorisant les déséquilibres macro, les capitaux allemands ayant alimenté le boom économique espagnol). 

Maintenant, est-ce-que moins d'IDE signifie mauvaise nouvelle? En économie, la réponse est toujours "ça dépend". Le fait que les IDE aient fortement baissé en Europe est plutôt le symptôme que la cause de la crise, le signe que les consommateurs européens se serrent la ceinture et que l'Europe n'est plus une terre de débouchés pour les entreprises étrangères. D'un autre côté, cela est le signe d'une économie ayant de moins en moins besoin de capitaux étrangers pour financer son déficit courant. 

On peut aussi comparer les flux nets d'IDE, c'est-à-dire les flux entrants moins les flux sortants (pas de données pour 2013 en revanche). 



Encore une fois, il n'est pas forcément possible de juger au vu des IDE de la situation économique d'un pays. Un pays dont les résidents (ménages + entreprises) détiennent beaucoup d'épargne aura tendance à investir beaucoup d'argent à l'étranger (ce qui est le cas de la France par exemple). Malgré la baisse des flux entrants, le solde nets d'IDE augmente, ce qui signifie que les résidents français investissent directement de moins en moins à l'étranger.







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