vendredi 29 août 2014

Les divergences entre pays européens ne masquent pas le naufrage général

Un bon résumé de Simon Wren-Lewis : lien

Même si l'assertion "Monetary policy is not working because of the liquidity trap" n'est encore qu'une hypothèse. La situation n'est pas rose aux US et au UK, malgré une banque centrale active, ce qui laisse penser que la trappe à liquidité est un problème. Mais certains économistes (par exemple les monétaristes qui prônent un ciblage du PIB nominal, ou au moins une hausse de la cible d'inflation) pensent que même aux US et au UK les banques centrales ne font pas assez, et que le phénomène de la trappe à liquidité est exagéré.
On est encore loin d'avoir ce débat en Europe. 

jeudi 28 août 2014

Is France trying to say "pretty please" to European institutions?

From Kevin O'Rourke : Link

Let's try to be more optimistic than an Irishman, and hope that when the ECB and European Commission see the structural reforms they have been calling for for several years being implemented in France and Italy, they will ease fiscal constraints and monetary policy. What Kevin O'Rourke forgets is that France' deficit in 2014 will probably be the same as in 2013, and not only because of slowing growth. So the easing of austerity has already begun, without too much noise in Brussels. 

People who analyzed European economic policy through the lense of strategic game theory rather than the benevolent planificator have been better at predicting what Eurocrats will do. 

From an economic policy standpoint, it's better for France to obey Brussels and Frankfurt's crazy demands (structural reform has nothing to do with the current crisis) so that Eurocrats will have more room to negotiate with austerians and hard money guys. From a political standpoint, it's what you get when you vote for right-wing parties at European elections. From a sovereignty standpoint, maybe it's time to tell Europeans there is not such thing as independent social policy anymore. European nations had already agreed to abandon fiscal and monetary policy, it seems that the third pillar of economic policy has been transferred also. 

I hope it will help Europeans realize they cannot lose interest in European politics. It's useless to vote for a left wing party in France if the rest of Europe is governed by the EPP. And vice versa. 

mardi 26 août 2014

"Companies are tax collectors, not taxpayers"

Mankiw : Lien

In fine, ce qui importe pour la redistribution et la justice sociale, c'est sur qui pèse l'impôt (voir post précédent). Tous ces débats sur politique d'offre et politique de demande, de droite ou de gauche, pro-entreprises ou pro-ménages sont un peu agaçants. Il n'y a que des ménages, certains riches, certains pauvres, certains français, certains étrangers. Une politique qui augmente les incitations à travailler et investir est une politique de l'offre. Une politique qui augmente le déficit public est une politique de demande. Une politique de gauche accroît la redistribution, une politique de droite la diminue. 

Jusqu'en 2013, Hollande a implémenté une politique anti-offre (augmenter les impôts sur le revenu), anti-demande (réduire le déficit) et de gauche (augmenter les impôts sur les revenus du capital). Puis avec le pacte de responsabilité il est passé à offre, anti-demande et ni gauche ni droite. Avec sa proposition des trois tiers, Montebourg propose offre, gauche et un peu moins anti-demande. 


lundi 25 août 2014

Krugman défend Draghi


S'il a raison, l'inaction de la BCE est encore plus rageante. Est-ce une institution politique si mal conçue qu'un seul membre du conseil des gouverneurs, le représentant de la Bundesbank, suffit à bloquer toute prise de décision?

Certains avancent d'autres arguments expliquant l'incapacité de la BCE à lancer une politique de Quantitative Easing :

1) Les contraintes légales des traités interdisant à la BCE de racheter des titres de dette publique. En l'absence de jurisprudence claire, on ne peut que spéculer sur ce que déciderait la cours de justice de l'union européenne si le cas venait à leur être présenté. Peut-être déciderait-elle que les programmes de rachats sont légaux s'ils sont nécessaires au respect du mandat d'inflation de 2%.

2) Manque de profondeur des marchés obligataires privés, ce à quoi on ne peut qu'objecter pourquoi ne pas essayer tout de même.

3) L'absence d'actif public sans risque commun à la zone euro (des eurobonds) qui permettrait de régler les contraintes 1 et 2. Angela Merkel les refuse et prétend vouloir un changement des traités actant ce transfert de souveraineté au profit de l'Europe. La BCE pourrait appuyer cette proposition, elle ne s'est après tout pas retenu de faire des déclarations politiques à la limite de ses attributions.

Le fait que la BCE soit frileuse sur le rachat de dettes publiques, ne tente rien sur les obligations privées et soit silencieuse sur les eurobonds montre bien qu'elle n'a pas tout essayé. Auquel cas, qui est à blâmer?

lundi 18 août 2014

Wolfgang Münchau sur la BCE

"[Matteo Renzi] should have said that he does not take advice from a central banker who is missing his own targets. If Mario Draghi, president of the ECB, had delivered his side of the bargain – an inflation rate of 2 per cent – the situation in Italy would not have been nearly as bleak as it is now.
I, too, believe Italy needs to reform. But slow progress on that score has nothing to do with Italy’s economic performance in the last quarter. After all, Germany also declined by the same percentage, while unreformed France did better, managing to avoid a contraction."


jeudi 14 août 2014

Lowflation and supply-side policies

Why do European central bankers point to the lack of structural reform as an justification for doing nothing on the inflation front? 

If anything, a positive supply shock should depress prices. Hence, the lack of it is the opposite of a good explanation for lowflation.

If the ECB won't act on lowflation to keep pressure on EU governments to implement reforms, are we still living in a democracy?

http://www.ft.com/intl/cms/s/0/15ad701a-22cd-11e4-9dc4-00144feabdc0.html#axzz3ANmjjmlh

What should the ECB do?

En lien avec les deux articles précédents:



Croissance 2014 divisée par deux : la faute à qui?

Au risque de me répéter (lien) : 
"Pour résumer, si le gouvernement implémente bien les mesures prévues en 2014 et 2015, et que la croissance est plus faible que prévue, on ne saura pas si c'est parce que la croissance potentielle est en fait plus faible que 1.5% ou que le multiplicateur est plus élevé que 0.7/1.1"
Grosso modo : si la croissance potentielle est faible, c'est la faute du gouvernement qui n'a pas su implémenter les réformes structurelles nécessaires l'an dernier, si le multiplicateur est élevé, c'est la faute de la banque centrale qui n'a pas su accommoder la politique de restriction budgétaire. 

Comme on ne sait pas bien estimer la croissance potentielle courante (et même passée c'est difficile), bien malhonnête celui qui prétendra pouvoir trancher. 


"Pile j'ai raison, face t'as tort". Jens Weidmann, 2014.

Billet d'humeur au milieu de l'été. Navré pour le silence, le blogage reprendra à un rythme normal en septembre. 

Dans une interview donnée au Monde hier, le président de la Bundesbank tente de justifier la faible croissance européenne par l'incapacité des gouvernements de la zone euro à mener les réformes structurelles nécessaires. 

La bonne grille de lecture n'est pas celle du technocrate désintéressé tentant d'aider des gouvernements forcément incompétents (ou potentiellement corrompus) à prendre des décisions difficiles mais qui s'imposent dans l'intérêt de tous. La bonne grille de lecture est celle du responsable politique, en charge de la politique monétaire, qui n'assume pas l'échec de sa politique bien trop restrictive, et se justifie en pointant du doigt d'autres responsables. 

Le mandat de la BCE est d'assurer une inflation annuelle de 2% (ou légèrement en dessous) dans la zone euro. Selon toutes les mesures (prix à la consommation, déflateur de PIB, salaires, avec et sans énergie, avec et sans TVA...) cet objectif est manqué d'au moins 1 point, voire 1,5 points. Certaine théories économiques suggèrent qu'il est difficile de sortir d'une spirale déflationniste, mais qu'il est possible d'essayer. Jens Weidmann s'oppose publiquement depuis 3 ans à toute mesure monétaire non-conventionnelle. Résultat, la cible est manquée. C'est compliqué l'inflation, on ne voit pas bien pourquoi c'est bien d'avoir 2% et mal d'avoir 0,5%. Le plus évident à voir est que l'inflation, c'est aussi l'augmentation des salaires (à productivité constante), et que donc l'inflation mange les dettes passées. Les taux d'intérêts sur ces dettes passées ont été fixés quand on pensait que l'inflation serait de 2%, donc tout ralentissement non anticipé augmenté le poids de la dette. Sans parler du fait qu'à taux d'intérêt bloqué (à 0%), le ralentissement de l'inflation augmente les taux réels, et donc déprime l'investissement. Mais bon, c'est plus compliqué que la croissance et Jens Weidmann le sait bien. Alors il dévie, en justifiant que l'inflation est basse à cause de l'énergie et de l'alimentaire, ce qui n'est que partiellement vrai puisque l'inflation sous jacente (hors énergie, alimentaire, tabac...) est à 0,9% en moyenne depuis le début de l'année (contre 0,7% au total), et même si c'était entièrement vrai, son mandat de 2% est sur l'inflation totale, ce qui a justifié la hausse des taux en 2011 quand l'inflation totale dépassait 2,4% tandis que le sous jacent n'était qu'à 1,7%. Dans les milieux académiques, on en vient à parler de "règle de Weidmann" pour expliquer la politique asymétrique de la BCE, et pour mieux la ridiculiser. Puis après cette fausse explication qui lui permet de paraître expert, il change de sujet en montrant du doigt les insuffisances (réelles) des gouvernements sur la croissance, un concept plus palpable. Seulement voilà, les gouvernements ont très peu de prise sur la croissance de court terme, et même s'ils menaient les réformes nécessaires selon Jens Weidmann, cela prendrait des années avant de se voir dans les statistiques. La croissance de court terme est déterminée entre autre par la trajectoire du déficit et par la politique monétaire. Quand on connaît la première (exigée entre autres par Weidmann) et que la BCE refuse d'accommoder la seconde (ce qui est doublement nécessaire quand l'Etat comme tout le monde se serre la ceinture), il n'y a rien d'étonnant à ce que le PIB stagne. 

Quand un responsable gouvernemental fait la même chose que Weidmann et veut faire oublier sa mauvaise gestion économique en expliquant que la politique monétaire est trop restrictive, la ficelle est trop grosse n'est-ce-pas? Qu'est-ce-qui vous fait croire qu'un technocrate serait moins humain qu'un homme politique? 

Le lien vers l'interview :  Ici